L’art de la collection, une perversion douce

— Le brocantage

1. La collection, mot qui, étonnamment, ne figure pas dans l’Encyclopédie de Diderot (l’autrice a parfois des surprises de ce genre), s’entend pour Littré d’un approvisionnement, d’une réunion, d’un assemblage, d’un recueil ou d’un amas, dans diverses disciplines (la pharmacie, la scolastique, la science, l’art, la médecine). Étymologiquement en effet, collecter signifie cueillir ensemble, c’est-à-dire ramasser, recueillir et rassembler. Dès lors, la collection est aussi bien l’action de collecter (ici le brocantage) que le résultat de cette action : le matériel collecté, dont on fera étalage.

2. Le but de la collection est la démonstration, également l’exhaustivité, peu en important l’objet. Ainsi trouve-t-on des philatélistes, numismates et bibliophiles1« Plus tard, [l’enfant] aimera peut-être les beaux livres, éditions de luxe et riches reliures, ces livres qui sont l’orgueil des bibliophiles et la joie de leurs yeux : on ne les lit pas ; on les regarde, quelquefois, avec amour et vénération. — Il en est de même des objets d’art pieusement collectionnés, et conservés plus pieusement encore. » (Abbé François MONTAGNON, Littérature et genres littéraires, 1897, Lyon, éd. Emmanuel Vitte, p. 16). (respectivement collectionneurs de timbres, de monnaies et de livres), également des cochliophiles (les petites cuillères), des copocléphiles (les porte-clés), des éthylabélophiles (les étiquettes de bouteilles de vin), des périglycophiles (les emballages de sucre vides), des philuménistes (les boîtes d’allumettes), des schoïnopentaxophiles (les cordes de pendus) ou des tyrosémiophiles (les étiquettes de boîtes de fromage)2« Collections et collectionneurs », Questions de langue, Dictionnaire de l’Académie française [en ligne], consulté le 18 sept. 2024..

3. La collection étant un « Ensemble d’objets de même sorte que l’on réunit volontairement dans un esprit de curiosité, ou pour leur valeur artistique, scientifique ou documentaire »3Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Collection, 1., la finalité de la collection est fort variable ; peut-être même est-elle propre à chaque collectionneur. Au reste, les exemples susmentionnés montrent bien que le cerveau du collectionneur est assurément particulier, dit une autrice qui, dans l’enfance et l’adolescence, a collectionné les cartes de basket-ball et les canettes vides — sans doute une lubie de ses camarades de classe…

4. Les exemples proposés par l’Académie française sont de bien meilleure espèce : « Une collection d’autographes, d’armes, de gravures, d’incunables. Faire collection de coquillages, de papillons, de timbres-poste. Il a réuni une belle collection de médailles, d’antiques »4Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Collection, 1., exemples qui, au passage, lève un coin du voile sur la culture légitime (ou noble) consacrée par l’Institut de France. Or le goût de la collection, comme celui du jeu, se rencontre parmi toutes les couches de la société mais certains, il est vrai, fréquentent les antiquaires plutôt que les brocanteurs…

5. De brocantage, est-il ici question, terme vieilli dont l’autrice a découvert l’existence dans le dictionnaire et qui désigne l’« Action de brocanter ; [le] commerce de celui qui brocante »5Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Brocantage., la brocante étant le « commerce d’objets et de curiosités d’occasion »6Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Brocante.. « Acheter, revendre ou troquer des objets anciens, tableaux, bijoux, bibelots, meubles, curiosités »7Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Brocanter., tout un bric-à-brac fait de bric et de broc : voilà en quoi consiste le brocantage, gagne-pain ou passe-temps qui résiste étonnamment à la modernité.

— L’étalage

6. Terme étrange, proprement l’« Exposition de marchandises qu’on veut vendre »8Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Étalage., ici le catalogage et la présentation des exemplaires et spécimens dans des armoires, vitrines et buffets qui, généralement, frappent par leur ordre et profusion. À dire vrai, l’étalage n’est pas détachable du brocantage, car on recherche spécifiquement les pièces qui manquent et qu’on veut exposer : le furetage, l’acquisition et la possession9« Enfin, il trouva dans les plaisirs du collectionneur de si vives compensations à la faillite de la gloire, que s’il lui eût fallu choisir entre la possession de ses curiosités et le nom de Rossini, le croirait-on ? Pons aurait opté pour son cher cabinet. » (BALZAC, Le Cousin Pons, Tome 1, Bruxelles, éd. Lebègue & Sacré, p. 14). sont les vertiges et jouissances du collectionneur10« L’homme moderne est parvenu à augmenter le luxe de la vie journalière, mais il n’a plus les mêmes satisfactions que l’homme d’autrefois dans l’usage des biens qui lui appartiennent. » (Georges RIPERT, Aspects juridiques du capitalisme moderne, 1951, Paris, éd. LGDJ [1995], p. 330)..

7. D’ailleurs, la recherche d’un exemplaire ou d’un modèle11« Pons devait beaucoup de morceaux à ces échanges, bonheur ineffable des collectionneurs ! Le plaisir d’acheter des curiosités n’est que le second, le premier c’est de les brocanter. » (BALZAC, Le Cousin Pons, Tome 1, Bruxelles, éd. Lebègue & Sacré, p. 16). provoque, semble-t-il, le même genre d’excitation que la chasse ou la drague12« Fatigué des femmes — non de la sienne — Renaud a quitté cette fièvre collectionneuse, cette anxiété de philatéliste qui le jetait au-devant d’une femme nouvelle : « Ah ! un exemplaire qui me manquait !… » » (COLETTE, La Retraite sentimentale, 1907, Paris, éd. Mercure de France, p. 147).. Peut-être est-ce pour cela que la collection — plaisamment décrite par Balzac sous les traits d’une manie13« En effet, aucun ennui, aucun spleen ne résiste au moxa [une médecine ancienne] qu’on se pose à l’âme en se donnant une manie. Vous tous qui ne pouvez plus boire à ce que, dans tous les temps, on a nommé la coupe du plaisir, prenez à tâche de collectionner quoi que ce soit (on a collectionné des affiches !), et vous retrouverez le lingot du bonheur en petite monnaie. Une manie, c’est le plaisir passé à l’état d’idée ! » (BALZAC, Le Cousin Pons, Tome 1, Bruxelles, éd. Lebègue & Sacré, p. 17). — est réputée avoir pour conséquence de rendre « l’esprit étroit et jaloux »14« Rien ne rend l’esprit étroit et jaloux, comme l’habitude de faire une collection. » (STENDHAL, Promenades dans Rome, Tome 2, 1829, Paris, éd. Dalaunay, 19 juin 1828, p. 90). — c’était en tout cas l’opinion de Stendhal. De son côté, George Sand avait la passion des insectes15« L’orthoptère dégingandée [un insecte] était d’une telle pétulance (elle s’était ennuyée en voyage), que nous n’en savions que faire. Enfin, on l’a installée dans un bocal avec de la mousse, de l’herbe et des mouches, et elle a déjeuné d’un grand appétit en leur suçant le derrière jusqu’à la ceinture ; après quoi, elle s’est curé les dents avec beaucoup de soin, a nettoyé ses mains et s’est endormie à la renverse, sur un écart impossible : les mains repliées sur le ventre ou sur le brin de chaume qui lui en tient lieu, retroussant sa queue de poule d’une façon triomphante. C’est bien la plus étrange créature qu’on puisse voir, et je n’ai fait que regarder ses poses et sa chasse aux mouches. » (George SAND, Lettre à Maurice Sand, le 16 mai 1860, à Nohant, dans Correspondance. 1812-1876, Tome 4, 1883/1884, Paris, éd. Calmann Lévy, p. 209)., d’accord avec son fils Maurice, naturaliste amateur16« Occupez-vous d’histoire naturelle ; n’y fussiez-vous pas très versé, vos collections et vos observations auront leur utilité. Pour ma part, je vous demande des insectes et des papillons ; les plus humbles, les plus chétifs, me seront encore une richesse ; et, comme je connais quelques amateurs, je pourrais, à votre retour [de Manille], vous procurer d’agréables relations. » (George SAND, Lettre à Edmond Plauchut, le 11 avr. 1851, à Nohant, dans Correspondance. 1812-1876, Tome 3, 1883/1884, Paris, éd. Calmann Lévy, p. 246).. Autre opinion intéressante, celle de Camus pour qui le collectionneur est « capable de vivre de son passé. »17« Don Juan ne pense pas à « collectionner » les femmes. Il en épuise le nombre et avec elles ses chances de vie. Collectionner, c’est être capable de vivre de son passé. Mais lui refuse le regret, cette autre forme de l’espoir. Il ne sait pas regarder les portraits. » (Albert CAMUS, Le Mythe de Sisyphe. Essai sur l’absurde, 1942, Paris, éd. Gallimard [1961], coll. Idées, p. 101).

8. Que la collection — cette perversion douce, disait l’autrice — entretienne des rapports aussi étroits avec le temps qu’avec l’espace n’est pas douteux. Aux lieux de l’acquisition (les foires, brocantes, échoppes et marchés aux puces, où le collectionneur se plaît à chiner) s’opposent les lieux de stockage, de conservation et d’exposition (l’entrepôt, le cabinet de curiosités, le musée, la galerie, le conservatoire), de même qu’au temps de l’achat s’oppose celui, éventuel, de la revente : la mode faisant évoluer la cote18« Le mérite du collectionneur est de devancer la mode. Tenez ! d’ici à cinq ans, on payera à Paris les porcelaines de Frankenthal, que je collectionne depuis vingt ans, deux fois plus cher que la pâte tendre de Sèvres. » (BALZAC, Le Cousin Pons, Tome 1, Bruxelles, éd. Lebègue & Sacré, p. 45). (n’oublions pas que, bien souvent, le collectionneur revend pour acheter à nouveau), la collection vire parfois à la spéculation : c’est le plus gros coup de ma carrière, dira le collectionneur satisfait d’une opération particulièrement réussie.

9. Si l’autrice a malicieusement parlé de perversion douce, c’est que la collection d’objets est un détournement de leur fonction initiale : le collectionneur ne possède pas un bien pour en user mais simplement pour le conserver, l’admirer, le montrer. Il est certain que dès la Préhistoire, la conception et la fabrication d’objets de luxe ou de prestige (par exemple des bijoux et des armes) a eu pour effet de fétichiser les outils, d’en faire des accessoires dotés d’une âme ou revêtu d’un pouvoir protecteur…

10. Comme la mode, qui porte à changer ses affaires (chaussures et vêtements notamment) avant qu’elles ne soient usées, la pratique de la collection fait prévaloir le lustre sur l’usage, l’agréable sur l’utile. Mais la sélection puis la conservation de choses diverses et variées visent aussi à leur préservation, à leur sauvegarde — les musées sont remplis de ces trésors que les gens du passé ont eu à cœur de sauver du feu ou de la ruine. C’est aussi de transmission dont il est question à travers la collection, ici le transport, l’apprêt et l’exposition de papillons19« La meilleure manière d’apprêter les papillons et les insectes, c’est de ne pas chercher à les préparer. Quand le papillon est tué et piqué dans une longue épingle, ses ailes se ferment et il se dessèche ainsi. On peut donc en apporter une quantité, debout côte à côte dans une boîte assez petite ; et, pourvu qu’ils soient bien plantés et ne se touchent pas, ils ne courent aucun risque. À leur arrivée, on les ramollit, on les ouvre, et on les étale par des procédés très simples, dont je me chargerai. Il faut coller un petit morceau de camphre à chaque coin de la boîte. Vous pourriez aussi apporter des chrysalides de papillons et d’insectes dans du son. Il en meurt, et il en éclot mal à propos bon nombre dans la traversée ; mais il en arrive toujours quelques-unes qu’on fait éclore ici par une chaleur artificielle et qui donnent des individus superbes. » (George SAND, Lettre à Edmond Plauchut, le 11 avr. 1851, à Nohant, dans Correspondance. 1812-1876, Tome 3, 1883/1884, Paris, éd. Calmann Lévy, p. 246)., qui sont toujours visibles à Nohant, impeccablement disposés, épinglés, étiquetés. Peut-être est-ce cela, au fond, une collection : une des mille formes que peut prendre la lutte contre le chaos20« Le motif le plus caché de celui qui collectionne pourrait peut-être se circonscrire ainsi : il accepte d’engager le combat contre la dispersion (Zertreuung). Le grand collectionneur, tout à fait à l’origine, est touché par la confusion et l’éparpillement des choses dans le monde. » (Walter BENJAMIN, Paris, capitale du XIXe siècle, 1940 [posthume], Paris, éd. du Cerf [2002], coll. Passages, trad. Jean Lacoste, p. 228)., une tentative d’ordonnancement des choses et des êtres, et leur recomposition en un petit monde aussi dérisoire que parfait.

Références

— Dictionnaires

— Correspondance

— Ouvrages

Illustrations

  • 1
    « Plus tard, [l’enfant] aimera peut-être les beaux livres, éditions de luxe et riches reliures, ces livres qui sont l’orgueil des bibliophiles et la joie de leurs yeux : on ne les lit pas ; on les regarde, quelquefois, avec amour et vénération. — Il en est de même des objets d’art pieusement collectionnés, et conservés plus pieusement encore. » (Abbé François MONTAGNON, Littérature et genres littéraires, 1897, Lyon, éd. Emmanuel Vitte, p. 16).
  • 2
    « Collections et collectionneurs », Questions de langue, Dictionnaire de l’Académie française [en ligne], consulté le 18 sept. 2024.
  • 3
    Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Collection, 1.
  • 4
    Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Collection, 1.
  • 5
    Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Brocantage.
  • 6
    Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Brocante.
  • 7
    Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Brocanter.
  • 8
    Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., Étalage.
  • 9
    « Enfin, il trouva dans les plaisirs du collectionneur de si vives compensations à la faillite de la gloire, que s’il lui eût fallu choisir entre la possession de ses curiosités et le nom de Rossini, le croirait-on ? Pons aurait opté pour son cher cabinet. » (BALZAC, Le Cousin Pons, Tome 1, Bruxelles, éd. Lebègue & Sacré, p. 14).
  • 10
    « L’homme moderne est parvenu à augmenter le luxe de la vie journalière, mais il n’a plus les mêmes satisfactions que l’homme d’autrefois dans l’usage des biens qui lui appartiennent. » (Georges RIPERT, Aspects juridiques du capitalisme moderne, 1951, Paris, éd. LGDJ [1995], p. 330).
  • 11
    « Pons devait beaucoup de morceaux à ces échanges, bonheur ineffable des collectionneurs ! Le plaisir d’acheter des curiosités n’est que le second, le premier c’est de les brocanter. » (BALZAC, Le Cousin Pons, Tome 1, Bruxelles, éd. Lebègue & Sacré, p. 16).
  • 12
    « Fatigué des femmes — non de la sienne — Renaud a quitté cette fièvre collectionneuse, cette anxiété de philatéliste qui le jetait au-devant d’une femme nouvelle : « Ah ! un exemplaire qui me manquait !… » » (COLETTE, La Retraite sentimentale, 1907, Paris, éd. Mercure de France, p. 147).
  • 13
    « En effet, aucun ennui, aucun spleen ne résiste au moxa [une médecine ancienne] qu’on se pose à l’âme en se donnant une manie. Vous tous qui ne pouvez plus boire à ce que, dans tous les temps, on a nommé la coupe du plaisir, prenez à tâche de collectionner quoi que ce soit (on a collectionné des affiches !), et vous retrouverez le lingot du bonheur en petite monnaie. Une manie, c’est le plaisir passé à l’état d’idée ! » (BALZAC, Le Cousin Pons, Tome 1, Bruxelles, éd. Lebègue & Sacré, p. 17).
  • 14
    « Rien ne rend l’esprit étroit et jaloux, comme l’habitude de faire une collection. » (STENDHAL, Promenades dans Rome, Tome 2, 1829, Paris, éd. Dalaunay, 19 juin 1828, p. 90).
  • 15
    « L’orthoptère dégingandée [un insecte] était d’une telle pétulance (elle s’était ennuyée en voyage), que nous n’en savions que faire. Enfin, on l’a installée dans un bocal avec de la mousse, de l’herbe et des mouches, et elle a déjeuné d’un grand appétit en leur suçant le derrière jusqu’à la ceinture ; après quoi, elle s’est curé les dents avec beaucoup de soin, a nettoyé ses mains et s’est endormie à la renverse, sur un écart impossible : les mains repliées sur le ventre ou sur le brin de chaume qui lui en tient lieu, retroussant sa queue de poule d’une façon triomphante. C’est bien la plus étrange créature qu’on puisse voir, et je n’ai fait que regarder ses poses et sa chasse aux mouches. » (George SAND, Lettre à Maurice Sand, le 16 mai 1860, à Nohant, dans Correspondance. 1812-1876, Tome 4, 1883/1884, Paris, éd. Calmann Lévy, p. 209).
  • 16
    « Occupez-vous d’histoire naturelle ; n’y fussiez-vous pas très versé, vos collections et vos observations auront leur utilité. Pour ma part, je vous demande des insectes et des papillons ; les plus humbles, les plus chétifs, me seront encore une richesse ; et, comme je connais quelques amateurs, je pourrais, à votre retour [de Manille], vous procurer d’agréables relations. » (George SAND, Lettre à Edmond Plauchut, le 11 avr. 1851, à Nohant, dans Correspondance. 1812-1876, Tome 3, 1883/1884, Paris, éd. Calmann Lévy, p. 246).
  • 17
    « Don Juan ne pense pas à « collectionner » les femmes. Il en épuise le nombre et avec elles ses chances de vie. Collectionner, c’est être capable de vivre de son passé. Mais lui refuse le regret, cette autre forme de l’espoir. Il ne sait pas regarder les portraits. » (Albert CAMUS, Le Mythe de Sisyphe. Essai sur l’absurde, 1942, Paris, éd. Gallimard [1961], coll. Idées, p. 101).
  • 18
    « Le mérite du collectionneur est de devancer la mode. Tenez ! d’ici à cinq ans, on payera à Paris les porcelaines de Frankenthal, que je collectionne depuis vingt ans, deux fois plus cher que la pâte tendre de Sèvres. » (BALZAC, Le Cousin Pons, Tome 1, Bruxelles, éd. Lebègue & Sacré, p. 45).
  • 19
    « La meilleure manière d’apprêter les papillons et les insectes, c’est de ne pas chercher à les préparer. Quand le papillon est tué et piqué dans une longue épingle, ses ailes se ferment et il se dessèche ainsi. On peut donc en apporter une quantité, debout côte à côte dans une boîte assez petite ; et, pourvu qu’ils soient bien plantés et ne se touchent pas, ils ne courent aucun risque. À leur arrivée, on les ramollit, on les ouvre, et on les étale par des procédés très simples, dont je me chargerai. Il faut coller un petit morceau de camphre à chaque coin de la boîte. Vous pourriez aussi apporter des chrysalides de papillons et d’insectes dans du son. Il en meurt, et il en éclot mal à propos bon nombre dans la traversée ; mais il en arrive toujours quelques-unes qu’on fait éclore ici par une chaleur artificielle et qui donnent des individus superbes. » (George SAND, Lettre à Edmond Plauchut, le 11 avr. 1851, à Nohant, dans Correspondance. 1812-1876, Tome 3, 1883/1884, Paris, éd. Calmann Lévy, p. 246).
  • 20
    « Le motif le plus caché de celui qui collectionne pourrait peut-être se circonscrire ainsi : il accepte d’engager le combat contre la dispersion (Zertreuung). Le grand collectionneur, tout à fait à l’origine, est touché par la confusion et l’éparpillement des choses dans le monde. » (Walter BENJAMIN, Paris, capitale du XIXe siècle, 1940 [posthume], Paris, éd. du Cerf [2002], coll. Passages, trad. Jean Lacoste, p. 228).