1. Une compétition
1. D’olympiques, ces jeux qui devaient porter les athlètes antiques aux nues — l’Olympe est le séjour des dieux mais c’est la ville d’Olympie, en Grèce, qui donne son nom aux Jeux —, d’olympiques ces jeux sont devenus planétaires : de tous les pays du monde1« En même temps les grandes inventions, le chemin de fer et le télégraphe ont rapproché les distances et les hommes se sont mis à vivre d’une existence nouvelle ; les races se sont pénétrées les unes les autres, elles ont appris à se mieux connaître et tout de suite elles ont aimé à se comparer entre elles. Ce que l’une accomplissait, l’autre voulait à son tour le tenter : des expositions universelles ont amené sur un même point du globe les produits des pays les plus lointains ; des congrès littéraires ou scientifiques ont mis en contact les facultés cérébrales les plus diverses. Comment les athlètes n’auraient-ils pas cherché à se rencontrer alors que l’émulation est la base même de l’athlétisme, et presque sa raison d’être. » (Pierre DE COUBERTIN, Les Jeux olympiques de 1896, 1896, Athènes, éd. Beck, Paris, éd. Le Soudier, p. 1)., sont envoyées tous les quatre ans des délégations nationales constituées des meilleurs sportifs de la patrie — le mot est employé à dessein, on ne se bat pas entre États mais entre nations, lesquelles s’entendent de communautés d’appartenance (la dimension affective est considérable, tant côté sportifs que côté spectateurs).
2. Dans le pays d’accueil, celui qui héberge les Jeux (c’est la France cette année), des champions doivent s’affronter plusieurs semaines durant dans des dizaines de disciplines qui vont de l’aviron au water-polo en passant par la boxe, l’équitation et le triathlon2« […] la représentation télévisée, bien qu’elle apparaisse comme un simple enregistrement, transforme la compétition sportive entre des athlètes originaires de tout l’univers en une confrontation entre les champions (au sens de combattants dûment mandatés) de différentes nations. » (Pierre BOURDIEU, « Les Jeux olympiques. Programme pour une analyse », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 103, juin 1994, pp. 102-103, spéc. p. 102).. Les Jeux d’hiver — et la France devrait accueillir ceux de 2030 (quel enthousiasme !) — proposent plutôt des épreuves de bobsleigh, patinage artistique ou saut à ski. Il faut dire que ces Jeux ont été remis au goût du jour par un Français, le baron Pierre de Coubertin — Cocorico3« Manifestation bruyante et joyeuse de gloriole chauvine. » (Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., V° Cocorico, figuré et péjoratif). Rappellons que le coq gaulois est le symbole de la France (Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., V° I. Coq, 3). ! —, ainsi que l’apprennent tous les écoliers du pays.
3. Si l’autrice, française jusqu’au bout des ongles, insiste tant sur cette fierté nationale — le cinéma, aussi, fut inventé en France à la même époque (songez que sans la télévision, ces compétitions internationales ne seraient que l’ombre d’elles-mêmes) —, c’est que les Jeux Olympiques (couramment abrégés en JO) ne sont pas dans les faits de gentilles rencontres sportives — c’est la traduction de l’anglais match, d’ailleurs il ne faudrait pas dire supporter les joueurs mais les soutenir ou les encourager —, les JO se présentent comme d’épiques affrontements entre nations. Dès le départ, ces Jeux mettent en scène la rivalité qui opposent les nombreuses cités-États de la Grèce antique.
4. Ce point est d’autant plus essentiel qu’il explique les fondements même de l’Occident. La Grèce antique, en effet, se pense comme un monde de rivaux : ce sont les prétendants de Pénélope dans l’Odyssée d’Homère, aussi bien que les affrontements entre candidats lors des élections (rappelons que la Grèce inventa la démocratie) ou bien les contestations entre adversaires aux procès (la justice y était rendue en application de principes et de procédures ayant vocation à organiser puis à éteindre le litige).
5. C’est que la liberté, rappelle le philosophe Gilles Deleuze4Gilles DELEUZE, L’Abécédaire de Gilles Deleuze, entretien filmé avec Claire Parnet, 1988, réal. Pierre-André Boutang, Lettre H, Histoire de la philosophie, 1 & 2., c’est-à-dire la détermination de soi, a pour corollaire la lutte et l’émulation : les rivalités d’hommes libres donneront naissance aux disciplines sportives (la gymnastique, l’athlétisme) et aux Jeux panhelléniques (olympiques, isthmiques, néméens et pythiques5« Les célèbres athlètes qui sortaient victorieux des jeux Olympiques, Pythiens, Isthmiques et Néméens, recevaient autrefois des Grecs de magnifiques honneurs. La palme et la couronne dont on les décorait au milieu de l’assemblée, n’étaient pas les seules récompenses qu’on leur accordait : lorsqu’ils retournaient dans leur patrie, c’était sur des chars de triomphe qu’ils étaient portés, et le trésor public pourvoyait à leurs besoins pendant toute leur vie. » (VITRUVE, De l’architecture, Rome antique, Ier s. av. J.-C., Paris, éd. Panckoucke [1848], Tome 2, Livre IX, Introduction, p. 311).). Le plus frappant est que, dès l’origine, tout ce qui deviendra la forme définitive de ces Jeux est déjà inventé : « Pour accueillir les jeux Olympiques, les Grecs édifient un véritable « village olympique » associant les cérémonies religieuses aux foires commerciales et aux compétitions sportives. »6Encyclopédie Larousse [en ligne], V° Jeux Olympiques de la Grèce antique, 2, consulté le 7 décembre 2023. Des conférences philosophiques sont même données dans le gymnase…
6. Détail amusant : gymnase et gymnastique proviennent du mot gumnós, qui signifie nu, car dans l’Antiquité, les coureurs et combattants (le mot sportif est d’invention très récente) concouraient entièrement nus, la tête et les pieds y compris — nombreuses sont les céramiques grecques (vases, amphores, cratères) qui présentent des scènes de course, de lutte ou de disque dont les protagonistes s’affairent dans le plus simple appareil. Ce genre de spectacle devait valoir le coup d’œil… Il faut dire que l’entraînement des athlètes était pris très au sérieux et, si l’on ne peut guère parler comme aujourd’hui de professionnalisation des participants aux Jeux, l’iconographie rappelle que la beauté du corps masculin tenait un rôle important dans la pensée grecque antique.
2. Une démonstration
7. La résurgence des Jeux à la fin du XIXe siècle intervient dans un contexte culturel fort différent : si les affrontements entre nations n’ont pas cessé, le goût des exercices physiques commence à gagner toutes les classes de la société7« L’idée de leur rétablissement [celui des Jeux Olympiques] n’était pas une fantaisie : c’était l’aboutissement logique d’un grand mouvement. Le XIXe Siècle a vu partout renaître le goût des exercices physiques : à son aurore, en Allemagne et en Suède ; à son midi en Angleterre ; à son déclin, aux États-Unis et en France. » (Pierre DE COUBERTIN, Les Jeux olympiques de 1896, 1896, Athènes, éd. Beck, Paris, éd. Le Soudier, p. 1). ; l’hygiénisme également et la santé deviennent des préoccupations centrales de la modernité. L’autrice a sous-titré le propos d’une expression dont le lecteur a immédiatement saisi la pertinence et la portée : les Jeux olympiques, un spectacle politique. Spectateur occasionnel ou assidu des Jeux, il a dû songer aux cérémonies d’ouverture et de clôture, ainsi qu’au décorum passé ou présent : la couronne (le kotinos grec) et la palme, le salut et la flamme, la mascotte et le drapeau olympique, le défilé des athlètes et la remise des récompenses.
8. Mais la dimension tant spectaculaire que politique de ces rencontres sportives s’immisce et s’apprécie dans presque tous leurs aspects (économiques8« […] la production de l’image télévisée de ce spectacle, qui, en tant que support de spots publicitaires, devient un produit commercial obéissant à la logique du marché, et doit donc être conçue de manière à atteindre et à retenir le plus durablement possible le public le plus large possible […] » (Pierre BOURDIEU, « Les Jeux olympiques. Programme pour une analyse », article précité, p. 102)., éducatifs9« Il faudrait enfin analyser les différents effets de l’intensification de la compétition entre les nations que la télévision a produits à travers la planétarisation du spectacle olympique, comme l’apparition d’une politique sportive des États orientée vers les succès internationaux, l’exploitation symbolique et économique des victoires et l’industrialisation de la production sportive qui implique le recours au dopage et à des formes autoritaires d’entraînement. » (Pierre BOURDIEU, « Les Jeux olympiques. Programme pour une analyse », article précité, p. 103)., diplomatiques, culturels). Ainsi en est-il de la référence attestée à la grandeur et à la gloire passées (le patronage de l’antiquité classique10« […] créer des concours périodiques auxquels seraient conviés les représentants de tous les pays et de tous les sports et placer ces concours sous le seul patronage qui pût leur donner une auréole de grandeur et de gloire, le patronage de l’antiquité classique. Faire cela, c’était rétablir les Jeux Olympiques : le nom s’imposait : il n’était pas possible même d’en trouver un autre. » (Pierre DE COUBERTIN, Les Jeux olympiques de 1896, 1896, Athènes, éd. Beck, Paris, éd. Le Soudier, p. 4).), de la prétention sans doute exagérée à l’universalité et à l’éternité11« Il fallait faire non point œuvre locale et passagère, mais œuvre universelle et durable. » (Pierre DE COUBERTIN, Les Jeux olympiques de 1896, 1896, Athènes, éd. Beck, Paris, éd. Le Soudier, p. 4). (la lectrice n’imagine guère un monde sans JO), de la frénésie qui s’empare des spectateurs (et des parieurs) pendant toute la durée des Jeux, des scandales qui éclatent, du recours au dopage, du commerce effarant qu’occasionnent les Jeux12« Le spectacle du monde, disait Pythagore, ressemble à celui des jeux olympiques : les uns y tiennent boutique & ne songent qu’à leur profit ; les autres y payent de leur personne & cherchent la gloire ; d’autres se contentent de voir les jeux, & ceux-ci ne sont pas les pires. » (ROUSSEAU, Émile ou De l’éducation, 1762, La Haye, éd. Néaulme, Tome 2, Livre IV, pp. 269–270)., enfin du prestige qui rejaillit sur les nations ayant décroché le plus de médailles13« Le prestige sportif est tellement important pour une nation, que si tu gagnes je peux même devenir préfet des gaules. » (Albert UDERZO & René GOSCINNY, Astérix aux Jeux olympiques, 1968, Neuilly-sur-Seine, éd. Dargaud, planche 3, réplique du centurion Tullius Mordicus s’adressant au légionnaire Claudius Cornedurus)..
9. Devant le coût faramineux des Jeux et le mécontentement des populations, l’entrain initial s’est pourtant émoussé — on se bat moins qu’avant pour accueillir les Jeux olympiques chez soi… Et puis, les Jeux doivent continuer de se réinventer, mot à la mode qui exprime cependant l’impérieuse nécessité d’adapter les Jeux du XXe siècle aux enjeux du XXIe (l’impact écologique et environnemental, l’inclusion des femmes et des handicapés, la santé des athlètes, la lutte contre la corruption, l’égalité entre les nations, etc.). Notamment, la devise olympique (Citius, Altius, Fortius, c’est-à-dire plus vite, plus haut, plus fort) apparaît désormais dépassée, particulièrement viriliste dans son inspiration et impossible à atteindre sans le recours au dopage…
10. Il n’échappe plus à personne que les Jeux sont des armes de propagande — plus sobrement, on dira outils de communication14« Il faudrait donc prendre pour objet l’ensemble du champ de production des Jeux olympiques comme spectacle télévisé, ou mieux, dans le langage du marketing, comme « outil de communication » […] » (Pierre BOURDIEU, « Les Jeux olympiques. Programme pour une analyse », article précité, pp. 102-103). — aux enjeux économiques et politiques tels que le sport et ses valeurs (l’excellence, le respect et l’amitié) sont passés au second plan. On se souvient de la xénophobie et de l’antisémitisme des JO de Berlin en 1936 ; d’autres exemples de blanchiment par le sport (sportswashing en anglais) seront à déplorer par la suite, qui mettent en scène l’instrumentalisation de la pratique sportive par des États ou régimes désireux d’améliorer leur réputation à l’international. C’est que l’organisation et le déroulement des Jeux sont tout entiers tournés vers la promotion des nations à travers la compétition15« […] un spectacle proprement sportif, confrontation d’athlètes venus de tout l’univers qui s’accomplit sous le signe d’idéaux universalistes, et un rituel, à forte coloration nationale, sinon nationaliste, défilé par équipes nationales, remise des médailles avec drapeaux et hymnes nationaux. » (Pierre BOURDIEU, « Les Jeux olympiques. Programme pour une analyse », article précité, p. 102)..
11. Il y eut pourtant des moments de gloire, à mettre au crédit de l’humanité toute entière : les victoires en 1936 à Berlin de l’athlète afro-américain Jesse Owens aux cent mètres, deux cent mètres, quatre fois cent mètres et saut en longueur, athlète noir quadruplement médaillé d’or au nez et à la barbe d’Hitler qui refusera de lui serrer la main (le président Roosevelt ne le recevra pas plus à la Maison-Blanche) ; en 1900 à Paris, l’apparition des premières compétitions féminines ; en 1960 à Rome, la première session des Jeux paralympiques ; en 1968 à Mexico, le poing levé de Tommie Smith et John Carlos pour les droits civiques des Noirs ; en 1976 à Montréal, le boycott de plusieurs pays africains contre l’Apartheid16Lola TALIK, « Top 10 des événements qui ont marqué l’histoire des Jeux Olympiques », Géo [en ligne], 1er juillet 2022.… Quel bonheur que le spectacle d’une humanité proclamant sa dignité !
Références
- Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., V° Cocorico & I. Coq.
- Encyclopédie Larousse [en ligne], V° Jeux Olympiques de la Grèce antique, 2, consulté le 7 décembre 2023.
- Albert UDERZO & René GOSCINNY, Astérix aux Jeux olympiques, 1968, Neuilly-sur-Seine, éd. Dargaud.
- Gilles DELEUZE, L’Abécédaire de Gilles Deleuze, entretien filmé avec Claire Parnet, 1988, réal. Pierre-André Boutang, Lettre H, Histoire de la philosophie partie 1 & 2.
- ROUSSEAU, Émile ou De l’éducation, 1762, La Haye, éd. Néaulme, Tome 2, Livre IV.
- Lola TALIK, « Top 10 des événements qui ont marqué l’histoire des Jeux Olympiques », Géo [en ligne], 1er juillet 2022.
- Pierre BOURDIEU, « Les Jeux olympiques. Programme pour une analyse », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 103, juin 1994, pp. 102-103.
- Pierre DE COUBERTIN, Les Jeux olympiques de 1896, 1896, Athènes, éd. Beck, Paris, éd. Le Soudier.
- VITRUVE, De l’architecture, Rome antique, Ier s. av. J.-C., Paris, éd. Panckoucke [1848], Tome 2, Livre IX, trad. Ch.-L. Maufras.
Illustrations
- EUPHILETOS, Amphore en terre cuite, vers 530 av. J.-C., Metropolitan Museum of Art (MET), New York.
- LEAGROS, Amphore en terre cuite, vers 510 av. J.-C., MET.
- Amphore en terre cuite, vers 520 av. J.-C., MET.
- KLEOPHRADES, Amphore en terre cuite, vers 500 av. J.-C., MET.
- THESEUS, Skyphos en terre cuite, vers 500 av. J.-C., MET.
- Voir, sur le site du MET, l’article d’Alexis BELIS, The Ancient Olympics and Other Athletic Games, 23 juillet 2021.
- 1« En même temps les grandes inventions, le chemin de fer et le télégraphe ont rapproché les distances et les hommes se sont mis à vivre d’une existence nouvelle ; les races se sont pénétrées les unes les autres, elles ont appris à se mieux connaître et tout de suite elles ont aimé à se comparer entre elles. Ce que l’une accomplissait, l’autre voulait à son tour le tenter : des expositions universelles ont amené sur un même point du globe les produits des pays les plus lointains ; des congrès littéraires ou scientifiques ont mis en contact les facultés cérébrales les plus diverses. Comment les athlètes n’auraient-ils pas cherché à se rencontrer alors que l’émulation est la base même de l’athlétisme, et presque sa raison d’être. » (Pierre DE COUBERTIN, Les Jeux olympiques de 1896, 1896, Athènes, éd. Beck, Paris, éd. Le Soudier, p. 1).
- 2« […] la représentation télévisée, bien qu’elle apparaisse comme un simple enregistrement, transforme la compétition sportive entre des athlètes originaires de tout l’univers en une confrontation entre les champions (au sens de combattants dûment mandatés) de différentes nations. » (Pierre BOURDIEU, « Les Jeux olympiques. Programme pour une analyse », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 103, juin 1994, pp. 102-103, spéc. p. 102).
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- 5« Les célèbres athlètes qui sortaient victorieux des jeux Olympiques, Pythiens, Isthmiques et Néméens, recevaient autrefois des Grecs de magnifiques honneurs. La palme et la couronne dont on les décorait au milieu de l’assemblée, n’étaient pas les seules récompenses qu’on leur accordait : lorsqu’ils retournaient dans leur patrie, c’était sur des chars de triomphe qu’ils étaient portés, et le trésor public pourvoyait à leurs besoins pendant toute leur vie. » (VITRUVE, De l’architecture, Rome antique, Ier s. av. J.-C., Paris, éd. Panckoucke [1848], Tome 2, Livre IX, Introduction, p. 311).
- 6Encyclopédie Larousse [en ligne], V° Jeux Olympiques de la Grèce antique, 2, consulté le 7 décembre 2023.
- 7« L’idée de leur rétablissement [celui des Jeux Olympiques] n’était pas une fantaisie : c’était l’aboutissement logique d’un grand mouvement. Le XIXe Siècle a vu partout renaître le goût des exercices physiques : à son aurore, en Allemagne et en Suède ; à son midi en Angleterre ; à son déclin, aux États-Unis et en France. » (Pierre DE COUBERTIN, Les Jeux olympiques de 1896, 1896, Athènes, éd. Beck, Paris, éd. Le Soudier, p. 1).
- 8« […] la production de l’image télévisée de ce spectacle, qui, en tant que support de spots publicitaires, devient un produit commercial obéissant à la logique du marché, et doit donc être conçue de manière à atteindre et à retenir le plus durablement possible le public le plus large possible […] » (Pierre BOURDIEU, « Les Jeux olympiques. Programme pour une analyse », article précité, p. 102).
- 9« Il faudrait enfin analyser les différents effets de l’intensification de la compétition entre les nations que la télévision a produits à travers la planétarisation du spectacle olympique, comme l’apparition d’une politique sportive des États orientée vers les succès internationaux, l’exploitation symbolique et économique des victoires et l’industrialisation de la production sportive qui implique le recours au dopage et à des formes autoritaires d’entraînement. » (Pierre BOURDIEU, « Les Jeux olympiques. Programme pour une analyse », article précité, p. 103).
- 10« […] créer des concours périodiques auxquels seraient conviés les représentants de tous les pays et de tous les sports et placer ces concours sous le seul patronage qui pût leur donner une auréole de grandeur et de gloire, le patronage de l’antiquité classique. Faire cela, c’était rétablir les Jeux Olympiques : le nom s’imposait : il n’était pas possible même d’en trouver un autre. » (Pierre DE COUBERTIN, Les Jeux olympiques de 1896, 1896, Athènes, éd. Beck, Paris, éd. Le Soudier, p. 4).
- 11« Il fallait faire non point œuvre locale et passagère, mais œuvre universelle et durable. » (Pierre DE COUBERTIN, Les Jeux olympiques de 1896, 1896, Athènes, éd. Beck, Paris, éd. Le Soudier, p. 4).
- 12« Le spectacle du monde, disait Pythagore, ressemble à celui des jeux olympiques : les uns y tiennent boutique & ne songent qu’à leur profit ; les autres y payent de leur personne & cherchent la gloire ; d’autres se contentent de voir les jeux, & ceux-ci ne sont pas les pires. » (ROUSSEAU, Émile ou De l’éducation, 1762, La Haye, éd. Néaulme, Tome 2, Livre IV, pp. 269–270).
- 13« Le prestige sportif est tellement important pour une nation, que si tu gagnes je peux même devenir préfet des gaules. » (Albert UDERZO & René GOSCINNY, Astérix aux Jeux olympiques, 1968, Neuilly-sur-Seine, éd. Dargaud, planche 3, réplique du centurion Tullius Mordicus s’adressant au légionnaire Claudius Cornedurus).
- 14« Il faudrait donc prendre pour objet l’ensemble du champ de production des Jeux olympiques comme spectacle télévisé, ou mieux, dans le langage du marketing, comme « outil de communication » […] » (Pierre BOURDIEU, « Les Jeux olympiques. Programme pour une analyse », article précité, pp. 102-103).
- 15« […] un spectacle proprement sportif, confrontation d’athlètes venus de tout l’univers qui s’accomplit sous le signe d’idéaux universalistes, et un rituel, à forte coloration nationale, sinon nationaliste, défilé par équipes nationales, remise des médailles avec drapeaux et hymnes nationaux. » (Pierre BOURDIEU, « Les Jeux olympiques. Programme pour une analyse », article précité, p. 102).
- 16Lola TALIK, « Top 10 des événements qui ont marqué l’histoire des Jeux Olympiques », Géo [en ligne], 1er juillet 2022.