— Le sens du contact
1. Le contact est étymologiquement l’état de deux corps qui se touchent. D’ailleurs, le tact renvoie au sens du toucher, avant d’évoquer le doigté, c’est-à-dire la finesse, la délicatesse dans le comportement. C’est par extension que le contact désigne la relation qui s’établit entre les êtres ou le rapport qui existe entre des choses. Au sein de la société, le contact dont on tient compte s’établit par la parole, orale ou écrite. Par conséquent, sont ici écartés les regards échangés, les signes d’exaspération et les sourires charmeurs qui relèvent bien de la communication humaine mais pas du contact au sens de cette notice. En l’occurrence, il s’agit d’entrer (1) voire de rester en contact (2) dans un but particulier : demander ou proposer quelque chose (un emploi, un contrat, une faveur).
1. Entrer en contact
2. En toute logique, l’entrée en contact découle du premier point de contact (1.1). La rencontre (1.2) conduit alors chaque protagoniste à se forger une image de l’autre (1.3). C’est cette image qui conditionnera la poursuite de la relation.
1.1. Le point de contact
3. L’entrée en contact s’établit soit directement — on est présenté ou on se présente spontanément, on se salue et se serre la main — soit indirectement, par l’un des nombreux moyens de communication qui existent aujourd’hui : le message électronique (le courriel ou, plus communément, mail), le tweet, le téléphone, le fax, le courrier postal (la lettre manuscrite ou dactylographiée), le télégramme, le pigeon voyageur, etc. On se donne plus ou moins d’informations sur qui on est et ce que l’on souhaite, également d’où l’on parle, à quelle structure on appartient. La tactique, l’art de l’influence ou la dissimulation peuvent s’inviter dans la danse.
1.2. La rencontre
4. Physique ou virtuelle, la rencontre se caractérise par une multitude d’échanges qui contribuent à se faire une opinion de son interlocuteur. Lorsque le premier point de contact se produit, le cerveau traite en temps réel un nombre astronomique d’informations. Cette opération conduit à une sorte de reconstitution de la personne de l’autre, procède à la création d’une image mentale associée à elle. La rencontre est donc faite de ce qu’on perçoit de l’autre, de l’image qu’il veut renvoyer… et de celle qu’on révèle malgré soi.
1.3. Une image de l’autre
5. Les mots, des sensations, des gestes, également les vibrations qui passent, ce je-ne-sais-quoi qui vous attire ou vous tient à distance, une apparence agréable ou plus ordinaire vous renseignent sur le statut social, le degré d’instruction, la forme d’intelligence de l’interlocuteur, vos affinités, et vont forger cette fameuse première impression dont l’importance est exagérée. Combien de fois avez-vous changé d’avis sur quelqu’un, dans un sens ou dans l’autre ? L’influence des préjugés ne doit pas être sous-estimée, ni dans le temps qu’ils font gagner ni dans les erreurs qu’ils font commettre… Selon les circonstances, la nécessité et les sympathies, on donnera suite à cette entrevue en fixant les termes d’un — premier ou prochain — rendez-vous : le lieu, la date, l’heure et, bien sûr, l’objet puisque la relation poursuit toujours un objectif.
2. Rester en contact
6. En se multipliant, les points de contact vont tisser la relation (2.1). Et chaque nouvelle relation va étoffer votre réseau. Or tout réseau se crée dans un milieu, dans un monde fait d’us et de coutumes, conventions dont il faut tenir compte pour donner la meilleure image de soi-même (2.2). Cultiver le goût du contact (2.3) vous y aidera aussi sûrement.
2.1. La relation
7. La relation suppose un lien, un lien plus durable et plus solide que la simple entrevue, un lien fait de contacts plus ou moins réguliers, en tout cas récurrents. Ce sont les points qui, reliés les uns aux autres, vont former une ligne ou un dessin, selon la tournure que prennent vos échanges. La relation qui s’ouvre fait naître un cadre qui dépend d’un but plus ou moins avoué (il y a des situations peu claires et des jeux de dupe) un cadre qui évolue en fonction des rapports, de l’amitié qui s’installe ou au contraire d’une déférence envahissante. Entre formalisme et spontanéité, il s’agit de trouver un modus vivendi.
« Pour créer une animation vraie, un climat de cordialité, il faut que la conversation soit un mouvement naturel qui porte à se préoccuper d’autrui plus que de soi-même, une danse de l’esprit qui consiste à changer de place et à occuper pendant que l’on parle celle de son vis-à-vis. Ce qu’il faut faire : rester naturel, parler selon son cœur, son tempérament, ses convictions sans pour cela excéder les limites de la correction. En toutes circonstances accepter les gens tels qu’ils sont et, surtout, savoir les écouter. »1Edmonde CHARLES-ROUX, Guide du savoir-vivre, 1965, éd. Grasset, V° Conversation, p. 45.
2.2. Une image de soi
8. Tout contact, toute conversation vous engagent. Ils donnent une bonne ou une mauvaise image de vous, qui ne manquera pas de se répercuter. Le bouche-à-oreille peut vous faire beaucoup de tort si vous manquez à vos obligations ou simplement si vous vous montrez mal élevé. Faites attention à ne pas commettre d’impair , évitez les excès de familiarité, en particulier lorsque vous n’êtes pas en position de force. Si vous avez été maladroit, n’hésitez pas à formuler des excuses. En outre, les bonnes relations exigent une certaine discrétion, et ce en toutes circonstances. C’est le fameux secret des affaires, qui postule que ce qu’on vous confie ne regarde que vous. Toute divulgation sera vécue comme une trahison…
2.3. Le goût du contact
9. Mais ces recommandations de bon sens passent à côté de l’essentiel. Il y a des gens qui font jaillir une étincelle dans l’œil de leur interlocuteur et d’autres qui regardent obstinément leurs chaussures. Femmes d’affaires, hommes de réseaux : ils savent s’y prendre, quelle que soit la situation, quelle que soit la personne. Il maîtrisent l’art de la conversation autant que celui de la correspondance, ils ont intériorisé les règles du savoir-vivre, savent pratiquer la courtoisie voire la galanterie — qui n’est pas réservée aux rapports entre les deux sexes — et ne se perdent jamais en salamalecs. Sens de la nuance et de l’à-propos gouvernent leurs déjeuners d’affaires. Et surtout, ils prennent congé, donnent des nouvelles, disent adieu, perdent et reprennent le contact avec simplicité, sans faire de cérémonie.
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Illustrations
- Antoine WATTEAU, La leçon d’amour, 1716-1717, Nationalmuseum, Stockholm, (voir également).
- Antoine WATTEAU, La proposition embarrassante, 1715-1716, Musée de l’Hermitage, Saint-Pétersbourg.
- Antoine WATTEAU, L’embarquement pour Cythère, 1717, Musée du Louvre, Paris.
- Antoine WATTEAU, Rendez-vous de chasse, 1717-1718, The Wallace collection, Londres.
- Antoine WATTEAU, La boudeuse, vers 1718, Musée de l’Hermitage, Saint-Pétersbourg.
- Antoine WATTEAU, Les fêtes vénitiennes, 1717, National Gallery of Scotland, Édimbourg.
- 1Edmonde CHARLES-ROUX, Guide du savoir-vivre, 1965, éd. Grasset, V° Conversation, p. 45.